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AIFE : pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Marc Damane : « Dès la fin de mes études d’ingénieur à Polytech Paris-Saclay il y a 25 ans, j’ai travaillé pour le secteur du numérique, d’abord quelques années dans le broadcasting et la radio IP, puis, depuis 2005, pour la société Symtrax pour laquelle je travaille encore aujourd’hui. Symtrax est un éditeur de logiciels français, basé à Nîmes, présent à l’international dans 8 pays, et dont le métier principal est d’accompagner les entreprises dans leur transformation numérique. Au départ, il y a plus de 30 ans, nous nous sommes spécialisés dans l'automatisation de la création aux formats numériques (principalement PDF) et la diffusion des documents sortants issus des systèmes IBM AS/400 et SAP, afin de simplifier et d'accélérer les processus documentaires. Notre savoir-faire consistait principalement  à dématérialiser les flux d'impressions en simplifiant la création graphique (ajout de code-barre, logos, insertion de messages marketing...) tout en permettant une intégration fluide dans les applications Microsoft Office (Word, Excel…). Peu à peu, notre intérêt grandissant pour un document essentiel aux entreprises, les factures, noua a conduit à élargir notre offre en proposant d'autres formats numériques tels que PDF/A, XML, ou encore l’EDI.

 

 

AIFE : ces 5 dernières années, vous vous êtes beaucoup investi sur Chorus Pro dont vous êtes devenu l’un des experts. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi et quelles sont aujourd’hui toutes vos activités autour de Chorus Pro ?

Marc Damane : « Depuis 2016 je me suis en effet beaucoup focalisé sur la facturation électronique afin d’avoir une expertise plus poussée dans ce domaine. C’est pourquoi nous avons regardé de très près ce que faisait l’AIFE avec Chorus Pro et avons beaucoup travaillé en interne afin de bien maîtriser les échanges que nous demandaient nos clients avec le portail public Chorus Pro.

Au fil du temps, je suis devenu référent sur la facturation électronique au sein de Symtrax ce qui m’a permis de participer à de nombreuses instances et initiatives diverses : travaux du FNFE (Forum National de la Facture électronique), participation active au club Chorus Pro lancé par l’AIFE, dont je suis l’un des coanimateurs du collège éditeurs et dont j’ai été l’un des représentants au cours du dernier IPM (Instance de Pilotage Mutualisé) l’an dernier. J’interviens aussi régulièrement, à travers des formations ou des présentations, au sein de chambres de commerce et d’industrie afin d’apporter auprès de PME et de TPE l’expérience et l’expertise que j’ai pu accumuler sur la facturation électronique et tout particulièrement sur Chorus Pro. Cela était très important pour nous, pour moi, d’être actif, d’être force de proposition sur tous ces sujets et pas seulement de bien les maîtriser. C’est notamment l’opportunité que nous a donné l’AIFE à travers son initiative du club utilisateurs Chorus Pro. »

 

 

AIFE : justement, fort de votre expertise de terrain et votre recul sur le sujet, quel est aujourd’hui votre regard, votre bilan de Chorus Pro, qui fonctionne pleinement depuis plus de 3 ans aujourd’hui ?

Marc Damane : « Je dirais que la méfiance est toujours là, pour ceux qui découvrent le sujet. Et tant que la facturation électronique interentreprises ne sera pas généralisée, il y aura toujours de nouveaux utilisateurs de Chorus Pro qui découvrent le portail et la facturation électronique. Mais aujourd’hui, je côtoie aussi des entreprises qui sont utilisatrices de Chorus Pro depuis plusieurs années désormais, et qui m’expliquent textuellement que « Chorus Pro leur a changé la vie » ! En positif évidemment, avec une accélération et une fiabilisation des processus de facturation auprès de leurs clients publics. Je vois beaucoup de TPE et de PME, utilisatrices aguerries de Chorus Pro, qui ont « digéré » ce qu’ils avaient au départ perçu avec méfiance, de par notamment l’obligation qui leur était imposée de passer par Chorus Pro. Ils ont surtout vu concrètement les avantages réels que leur procure le système. En résumé, beaucoup d’entreprises qui prenaient au départ Chorus Pro comme un fardeau en voit les bénéfices réels aujourd’hui pour eux. »

 

 

AIFE : et demain, avec l’arrivée de la facturation électronique interentreprises, quel est votre regard ?

Marc Damane : « Je pense qu’il faut vraiment capitaliser sur le retour d’expérience de Chorus Pro et les atouts qu’apporte la facturation électronique et qu’a parfaitement démontré Chorus Pro, afin que les entreprises ne voient pas cela une nouvelle fois comme un fardeau qui leur est imposé, mais bien comme une opportunité qui va améliorer leur vie. Le risque, pour les TPE surtout, est qu’elles subissent la facturation électronique comme une contrainte qui leur est imposée, et par manque d’implication en amont, n’en voient pas assez rapidement les bénéfices qu’elles vont pouvoir en tirer au final.

On a d’ailleurs déjà vu ce phénomène d’accélération de la maturité numérique des entreprises avec la crise sanitaire du covid qui a aussi eu cet impact. Aujourd’hui, après cette crise sanitaire, les entreprises sont tout de même moins méfiantes vis-à-vis du numérique qu’elles ne l’étaient en 2017 au démarrage de Chorus Pro. Et cela doit tout de même quelque peu rassurant. »

AIFE : Symtrax a fait le choix, dans le cadre de la facturation électronique interentreprises de rester opérateur de dématérialisation (OD) et de ne pas candidater en tant que PDP (Plateforme de dématérialisation Partenaire). Pourquoi ? Comment pourra se positionner un OD entre la PPF, la plateforme publique de facturation, et les PDP ?

Marc Damane : « Tout d'abord, il est important de souligner qu'à ce jour, seuls les opérateurs de dématérialisation  existent, parmi lesquels certains choisiront de candidater pour proposer des services en tant que PDP. Ensuite, il est essentiel de  préciser que le passage par une PDP n'est en aucun cas obligatoire dans le cadre de la prochaine réforme. Une entreprise pourra donc tout à fait se connecter directement au futur Portail Public de Facturation (PPF) ou passer par un opérateur de dématérialisation (OD) qui lui proposera un raccordement automatique au PPF en réception et en émission ainsi que des services à valeur ajoutée. Un enjeu majeur pour les entreprises est de pouvoir anticiper cette réforme, notre ambition est donc d'aider nos clients dans leur préparation afin de respecter les échéances à venir. Pour répondre aux besoins de nos clients de manière flexible et adaptée, notre positionnement est très clair, nous continuerons à proposer notre offre de service en tant qu'opérateur de dématérialisation (OD).

Il est  à noter que Syntrax souhaite se réserver le droit de candidater auprès de l'administration en tant que PDP, sans pour  autant se précipiter et tout en veillant à ne pas compromettre notre cœur de métier qui est celui d'accompagner les entreprises dans leur transformation numérique.

L’essentiel au final est surtout que chaque entreprise puisse avoir la liberté de choisir le schéma qui lui convient. Dans certains cas ce schéma l’entraînera à faire appel aux services d’une PDP, mais dans d’autres cas le recours à un OD sera amplement suffisant. Tout dépend du schéma d’organisation et de services que souhaite mettre en place l’entreprise.

Au final l’ensemble des acteurs, opérateurs de dématérialisation comme PDP, devront tous interopérer, et seront donc en coopétition, à la fois concurrents et partenaire selon les cas. Cette réforme de la facturation électronique va obliger tous les acteurs à travailler dans cette logique de coopétition ce qui est sain pour le marché et les clients.

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